vendredi 22 mai 2009

Cozna Vera, le fast-food bio de Veyrat


Lors d'un long week-end de mai, je décidais de profiter de la beauté du lac d’Annecy. Une randonnée saisonnière sur l'ubac encore enneigé me menait sur le plateau du Parmelan. Je découvris alors, entre deux crocus, des fleurs de bourrache au bleu profond. Ces petites fleurs comestibles eurent pour conséquence de m'ouvrir l'appétit et au fur et à mesure que mon estomac se creusait, le nom de Marc Veyrat remplissait mon esprit. Les étoiles raccrochées, l’écho de l’ouverture d’un fast-food bio par l’homme au feutre noir était parvenu jusqu’à mes oreilles parisiennes.

Redescendue à Annecy-le-Vieux, au bord du lac, deux chalets d'un bleu glacier promettaient d’agréables moments. Une pancarte indiquant la direction à suivre, je décidais de suivre le chemin de gauche qui me menait au Cozna Vera. J’arrivais alors devant l’entrée du chalet et pénétrais dans une première salle, au décor rappelant les prairies alentours. Un tas de bocaux aux contenus appétissants et aux noms mêlant le connu et le mystérieux, était disposé sur des étagères de bois brut. Le panier à la main, le choix se révéla quelque peu ardu... L'addition acquittée, un chef eut pour mission de déposer mon bocal de « lasagnes modernes » dans un bain-marie et de recouvrir d'une émulsion turquoise, le gaspacho et la soupe aux herbes du jardin. Un jeune homme m'apporta le fameux hamburger bio dans une assiette.

A l'instar de l'esprit fast-food revendiqué, je m'acheminais vers l'une des tables de pique-nique dressées sur la terrasse avec mon petit panier. Etalant sur la table les différents plats, j’eu soudain l’impression que Gargantua s’était invité à ma table. La randonnée m’avait affamée. Je décidais de commencer par les soupes froides. La fameuse émulsion déposée par le jet d’un siphon, n’était autre qu’une écume de thym qui recouvrait un gaspacho délicieusement frais. Elle apportait une touche herbacée, toute en douceur. La soupe froide aux herbes du jardin fut un délice pour le palais. Chaque cuillerée entrainait une devinette afin de trouver les ingrédients cachés qui se découvrent les uns après les autres. Le hamburger bio fut également une très bonne surprise. L’assaisonnement à la tomate, au guacamole et à la crème de parmesan faisait ressortir la saveur d'un bœuf cuit parfaitement. Les frites n’étaient pas grasses, la salaison, discrète. Le pain du hamburger était doré, dense et moelleux à la fois. Avant de sortir du restaurant, j'ai pu apercevoir l'homme au chapeau, accoudé à la rambarde du chalet qui, tel un aigle, guettait les avis des clients curieux.

Cozna Vera
7 avenue de Chavoires
74940 ANNECY LE VIEUX
Tel. 04 50 63 41 65
fermé le lundi

Tom's restaurant - Brooklyn



Les valises bouclées, il ne restait plus qu’à accoler le mot indissociable à un samedi matin new-yorkais : le brunch ! Pour oublier l’espace d’un moment le regret du départ imminent, le Tom’s restaurant ne pouvait pas mieux s’imposer !

Dans une des rues calmes de Brooklyn, baignée par les rayons de soleil, s’étendait la fameuse « line ». Dès onze heures, les clients serpentaient déjà de quelques mètres autour de la terrasse à la verdure abondante et quelque peu artificielle. Armées de nos lunettes de soleil, nous nous prêtions à cette mode new-yorkaise, afin de déguster LE meilleur brunch du secteur de Prospect Park. L’attente ne pouvait qu’être agréable : un ballet incessant de serveurs affables distribuait à profusion cookies faits maison, quartiers d’oranges fraîchement coupées, gigantesques verres d’eau, et autres mugs de café.

La file avançant, nos pieds heurtèrent le sol carrelé du restaurant. Soudain, c’était comme si l’espace temps disparaissait. Nous étions projetées au milieu d’une mise en scène des eighties : la salle était entièrement habillée d’une décoration kitsch. Du sol au plafond, la sobriété était la grande absente. Impossible de décrire une potentielle tapisserie, les murs étant recouverts d’extraits du menu aux couleurs fluo et de journaux faisant l’article du lieu…

Cette pagaille multicolore et généreuse reflétait l’image du propriétaire des lieux :Tom, la bouille ronde et l’œil malicieux. Il nous tendit gentiment sa spécialité : une gigantesque coupe pleine d’une crème chocolatée. Le mélange était curieux, consistant et ludique. Le secret de Tom: l’ajout d’eau pétillante dans cette crème aux oeufs.

Notre accent de grenouille dévoilé par nos remerciements, Tom se mit à héler les serveurs affairés afin de leur dire en V.O. : « ce sont mes amies françaises ». Un sourire jusqu’aux oreilles s’attaqua à notre commande. Décidément, le bonheur régnait entre les tables et se répandait ! Encouragées par cette profusion de bonne humeur, nous commandâmes les incontournables œufs Benedict accompagnés d’un toast et d’une tranche de jambon frite ainsi que des œufs pochés agrémentés de porridge. Le café allant de soi, les mugs se remplissaient à mesure que nous les délestions ! Les yeux toujours plus gros que le ventre, après nos assiettes entièrement vides, on nous déposa une assiette d’énormes pancakes aérés et moelleux, parsemés de framboises que nous ne pouvions abandonner. Repues, ce dernier repas new-yorkais nous fit pousser des ailes qui nous portèrent encore une fois sur le pont de Brooklyn. Ah ! L’Amérique… Dix jours à valser au milieu des taxis jaunes, et nous étions devenues new-yorkaises jusqu’au bout des ongles…

Tom's restaurant
782 Washington Ave.,
Brooklyn, NY,
11238at Sterling Pl.
718-636-9738

mardi 5 mai 2009

Kee's chocolates - New York

New York toujours… un jour d’avril où une pluie océanique s’est imposée sans crier gare entre deux rayons de soleil. Guidée par un autochtone de Brooklyn, victime sans dommage apparent de la crise financière, je déambulais sans me soucier de l’itinéraire dans les rues tourmentées de Greenwich (prononcé sans le « w »). M’extasiant encore sur les cerisiers en fleurs et les échelles de secours à la douceur d’Epinal, Calvin me fit soudain remarquer d’un petit sourire malicieux que nous étions désormais dans SoHo. La rue dans laquelle il m’avait menée cachait un petit joyau : Kee’s chocolates. Dans cette étroite boutique, se dressait une vitrine renfermant des bonbons au chocolat de différentes formes ainsi que des macarons aux couleurs printanières. Derrière, discrète et souriante se cachait Kee…

Kee Ling Tong, elle aussi, est à l’image de cette ville dont la rumeur fait courir le bruit des possibles infinis… Quittant un jour son travail sans horaire, elle décide de s’adonner à ses deux passions : les fleurs et le chocolat… Après une formation de pâtissière acquise en France, elle retourne de son côté de l’Atlantique et fabrique des chocolats aux saveurs alliées. La qualité de son travail fait l’objet d’un bouche à oreille que jalousement on souhaiterait moins expansif… Cependant, dans sa petite boutique, Kee demeure humble et généreuse. Elle partage sa gourmandise avec finesse, attentive et soucieuse des réactions.

Ses chocolats sont d’une fraîcheur irréprochable, fabriqués le matin même dans son atelier laboratoire jouxtant la boutique. Si Kee a créé 42 saveurs, le choix est plus restreint en boutique afin de respecter la saison des ingrédients à infuser. Je suis repartie avec une jolie boîte carrée contenant six gros bonbons (la taille respecte la tradition gigantesque), tous ayant une belle couverture de chocolat noir intense, pas d’amertume mais sans excès de sucre non plus. L’élégance de la truffe noire recouverte de grains de sésame noirs et blancs a retenu mon attention, mais ma conviction a été emportée par le cœur de chocolat noir dont la ganache cacaotée se mêle à la perfection avec le fruit de la passion, offrant une saveur à forte longueur en bouche… c’est sur cette douceur que la page de New York s’est refermée… temporairement.
Kee's Chocolates SoHo
80 Thompson Street New York,
NY 10012
Monday through Friday, 9am to 7pm
Saturday and Sunday, 11am to 7pm
212 334-3284

Kee's Chocolates Midtown
452 Fifth Avenue (inside HSBC)New York,
NY 10018
Monday through Friday, 9:30am to 5:30pm
212 525-6099