mardi 23 février 2010

De la Tamise au Nil...So Frenchie

Quatre fois ! C’est la quatrième fois que je me rends chez Frenchie, et toujours rien, aucune ligne, comme si mon inconscient me dictait : « Chut, sois égoïste, ne dis rien, garde le plaisir pour toi, rien que pour toi ! » Mais voilà, le secret d’une cuisine maîtrisée, impeccable et à la portée de tous ne se garde pas bien longtemps. Des indiscrets bruyants du Fooding, d’autres trompettistes du Michelin et, il faut l’avouer, de traitres bloggeurs mais néanmoins amis ont vendu la mèche, fléchant le chemin à coup de sono tonitruante : « Pour vous régalez, suivez le Sentier ».

Bien plus petite et moins passante que le fleuve éponyme, la rue du Nil abrite un petit restaurant aux murs de briques et aux tons boisés dans lequel se dressent sagement vingt-quatre couverts prêts à en découdre pacifiquement avec la monotonie des palais mal habitués. Que dire si ce n’est décrire le plaisir d’une cuisine vive, colorée, joyeuse... heureuse. Tout y est précis, construit, concis sans le moindre artifice, sans le moindre superflu. Grégory Marchand travaille les saveurs, il les équilibre. Les menus sont transparents, évidents, simples : il ne faut qu’hésiter entre deux entrées, deux plats et trois desserts.


Le soir, l’ambiance est tamisée et se dégage de la chaleur des murs, une intimité amicale à laquelle contribue un service discret et gracieux. Ce soir-là, nous nous étions laissés tenter par de la truite fumée en entrée. Les tranches, savoureuses ont été fumées par le chef lui-même, ni trop, ni trop peu, le goût s’équilibrant parfaitement au lit de crème d’avocat et raifort, parsemé de grains d’édaname, sorte de fève japonaise. Rien à voir avec la recette délivrée dans le Elle à table du mois de février, qui consacre au Frenchie, comme le surnommait Jamie Oliver lorsque Gregory Marchand était membre de sa brigade londonienne, pas moins de six pages !



L’entrée était exquise, le reste le fut tout autant. Des tranches fondantes de canard aux saveurs caractéristiques et à la cuisson maitrisée se mariaient parfaitement avec de la crème de kumquat et autres agrumes, contribuant à une exaltation des papilles, que désormais rien ne pouvait calmer. Quant aux trompettes de la mort, leur goût prononcé et leur finesse me laissaient pantoise... La cuisson de l’ensemble était irréprochable. Le plaisir qui ne nous avait pas quittés s’est fait redondant avec le dessert : une splendide tarte fondante au chocolat, ni trop amère, ni trop légère, accompagnée d’un caramel d’une douceur déconcertante, relevé par la fraîcheur de litchis.

Grégory Marchand aime les gens, c’est évident. Dans sa cuisine, on l’aperçoit jouer du couteau, touiller la casserole et sourire en regardant ses mangeurs de grenouille attablés, ravis ! Quel que soit le repas, le moment, le plaisir est égal : de la mousse de foie parfaitement équilibrée, au potage de potimarron doux mais relevé, jamais je n’ai été déçue ; et d’ailleurs trois réservations m’attendent pour les mois à venir !

Pour un peu, on se prendrait à se rêver rosbif afin de succomber à cet accent...So Frenchie ! Mais maintenant, il est là, à Paris et c’est avec nos fourchettes de snobinardes parisiennes prétentieuses que l’on dévore sa cuisine multiculturelle.

Frenchie

5 rue du Nil

75002 Paris

01 40 39 96 19

Menus: midi entre 21 et 25 euros, Soir 31 et 35 euros

Inutile d'y aller sans réserver... et bon courage pour décrocher une table!
Marco: le 6 mai

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Edaname = haricot de soja