lundi 19 janvier 2009

Rech - l'esprit bistrot par Alain Ducasse


Samedi midi, avenue des Ternes. Les fêtes sont passées et l’ambiance de cette nouvelle année est sage, sans folie. Il nous faut une valeur sûre, sans excès ni fioritures. Le palais réclame de la finesse iodée. Rech, bistrot enserré sur l’avenue, à la devanture bleu roi, nous promet de la qualité.

L’accueil est chaleureux, loin du snobisme des bistrots parisiens. Malek, l’écailler nous invite à franchir la terrasse afin de nous diriger vers la salle aux tons boisés du restaurant. Eric Mercier, le directeur de salle prend la relève, échangeant le manteau contre une coupe de champagne Henriot rosé aux bulles subtiles. Nous nous retrouvons confortablement assis dans une salle boisée autour d’une table à la rondeur conviviale.

Afin d’accompagner notre coupe dont les bulles remontent dès la base du pied, nous recouvrons généreusement des tranches de pain grillé avec de fines rillettes de lieu qui fondent tendrement en bouche. De l’onctuosité de l’entrée, nous évoluons vers la fraîcheur marine d’un plateau d’huîtres composé de Belons, de Fines de Claire, de Prat-Ar-Courm, de Plates et de Normandes. La minéralité des crustacés nous ouvre l’appétit.

Nous décidons de poursuivre notre repas avec une « New England Clam chowder » : épaisse soupe d’hiver à base de palourdes, de pommes de terre, de poireaux et de crème. La soupière est si généreuse qu’elle jette un doute sur l’arrogance acquise de notre estomac. L’heure n’est plus au questionnement lorsqu’un turbot entier nous est présenté cuit dans son plat. La pièce est importante. Les assiettes dressées succèdent à la soupière tout juste terminée. Nous découvrons une chair opalescente, ferme et raffinée. L’accompagnement est discret. Les joues du poisson sont posées sur une tomate confite. La purée de pommes de terre parsemée de copeaux de truffe est servie dans un bol au centre de la table, le beurre de cuisson versé avec une délicate parcimonie sur le poisson.

La cuisine est solide, sans concession. L’authenticité des produits est respectée. Le raffinement bourgeois du cadre nous mène en douceur vers le milieu d’après midi. Dehors, nous retrouvons Paris.

Rech
62 avenue des Ternes
75017 Paris
01.45.72.29.47
www.rech.fr

dimanche 18 janvier 2009

Carl Marletti - Patissier


Paris et ses petits villages. Et toujours à proximité de l’église, une pâtisserie.

Celle de Carl Marletti se fond dans l’ambiance tranquille de la rue Censier. Petite boutique gris perle dont la vitrine laisse suggérer d’autres perles, sucrées. A l’intérieur, la sobriété du décor met en valeur les couleurs et matières des gâteaux exposés sagement sur un long comptoir. L’accueil revêt le charme discret et prévenant du service.

Le choix est ardu. Le regard s’ouvre sur des pâtisseries traditionnelles à base de pâte à choux à la fois aérienne et croustillante. L’impression visuelle déclenche une envie de vérifier immédiatement avec le palais. Les glaçages révèlent la crème cachée dans les éclairs et religieuses : chocolat, café, vanille, pistache, rose… les gâteaux ressemblent à des illustrations. La tarte au chocolat-praliné à la fois croquante et fondante me fait de l’œil. La générosité de son appareil et le goût créé par le mariage de deux produits gourmands me font écrire que rarement je n’ai dégusté d’aussi bonnes tartes au chocolat. Quant au censier, il s’agit là d’une véritable déclaration d’amour aux amateurs de chocolat. Sur un piédestal croustillant de praliné et poppin’candy, se tient délicate et plantureuse, une quenelle de chocolat noir Taïnori (Valrhona grand cru 64%) couverte d’un léger chapeau plat et croquant. Les mille-feuilles suggèrent entre les fines couches légèrement caramélisées, l’onctuosité de crèmes variées : vanille, pralinée intense ou encore choco-passion. L’opéra, toujours distingué, est élégant et généreux en chocolat et café. Quant au Piémont… un tendre gâteau que seule la curiosité m’a forcé à goûter. Sans regret aucun ! Une crème de marron d’une finesse jusqu’alors inconnue renferme un contraste intéressant à base de griottes.

A proximité des teintes sobres de ces gâteaux classiques, la couleur est présente notamment dans les créations de Carl Marletti : le Lily Valley offre une touche pastel empreinte à la crème de violette abritée par la pâte à choux. Le faste et la légèreté sont représentés par le Marie-Antoinette : sorte de généreux macaron d’un rose intense supporté par une ronde de framboises fraîches plantées dans un confit de framboises et de crémeux à la rose. Nous sommes au milieu de pages dessinées d’un album pour enfants. Des macarons sont suspendus à des branchages. Des pots de confitures sont alignés à la hauteur des yeux et des cakes pour le goûter promettent des quatre heures enjoués, même pour les grands. Carl Marletti nous offre un élixir de jeunesse.

Les bras chargés, la porte de la sortie est difficile à franchir !

Carl Marletti
51 rue Censier
75005 Paris
01.43.31.68.12
www.carlmarletti.com
Ouvert du mardi au samedi de 10h à 20h et le dimanche de 10h à 13h30