dimanche 10 janvier 2010

A Montmatre, la neige cotoie la mer du Chamarré-Montmartre


Quand, le 2 janvier, un ami m’a appelée pour m’inviter à déjeuner, je dois avouer que je manquais quelque peu d’entrain. Il faut dire qu’après les agapes des jours précédents, la sensation de faim m’était devenue totalement étrangère. Je n’avais donc pas de furieuse envie de bouger et encore moins de manger. Mon inflexibilité (relative) s’est pourtant détendue lorsque le nom d’Antoine Heerah a été prononcé.

Peu importe que l’hiver nous prive de la terrasse du restaurant. En hauteur, perchés sur la table d’hôtes, nous avons profité des saveurs iodés, légères et délicates de la succession de plats qui ont ouvert l’année. 2010 sera marine ou ne sera pas !

Comme une éphéméride, nous avons vu se succéder des petits trésors raffinés offrant la simplicité d’un travail acharné. Trois sushis pour commencer : de la palourde, de l’oursin et du saumon sur un riz compact, subtilement lacté contrastant de façon à peine perceptible avec le sel marin. Une mise en bouche légère, une caresse transitoire qui a précédé trois magnifiques huîtres bretonnes doucement iodées, relevées par une perle acidulée de crème de margoze, sorte de citron vert tropical, espèce d’empreinte pleine d’allant du chef dans l’assiette.

La finesse de la mer, imperceptiblement, nous a embarqués dans une cascade de douceurs savoureuses. Le passage du frais au chaud tenait dans des assiettes collectives contenant de petites fritures d’ablettes, récréation avant le raffinement des noix Saint-Jacques crues, flottant dans un velouté de courge dont la suavité se mêlait au fondant des coquillages.

L’enchainement s’est poursuivi avec la superbe assiette filant le mariage de l’iode avec les agrumes : Crevette bleue aux œufs de citron caviar, Palourde et margoze, Carpaccio de bar et mangue verte parsemés de fines lamelles de poutargue. Antoine Heerah marie les goûts, les couleurs mais aussi les textures. Le homard dont la chair se poursuit en gelée recouverte d’une émulsion est un vrai cadeau pour les sens.

Le plat est enfin arrivé pour combler la gourmandise offerte comme un immense océan : un morceau de cabillaud, parfaitement cuit, fondant surmontait un riz thaï mêlé avec des moules, des coques et des tronçons de bulots. L’éphémère de la bouchée se prolongeait dans le souvenir du plaisir...

Quant à la cerise sur le gâteau : un soufflé bluffant chocolat-coco, accompagné d’une glace sublime menthe chocolat blanc ont parachevé ce menu tout en intelligence et légèreté.

Antoine Herrah nous a offert un voyage parfumé qui marque un fabuleux début d’année...

Le Chamarré-Montmatre
52 rue Lamarck
75018 PARIS
+ 33 (0)1 42 55 05 42.
ouvert tous les jours
déjeuner:17, 25 ou 45 euros/ dïner: menu à partir de 52 euros, carte...


voir aussi: un an avant http://www.lostinflavour.com/2008/12/le-chamarr-montmartre_23.html

4 commentaires:

Sofi a dit…

Hum, un déjeuner tout en douceur marine! Je n'ai plus aucune raison d'hésiter à braver les marches de la Butte!

The Chesterfield Project a dit…

J'ai le souvenir, à l'été dernier, d'un dîner à six où nous sommes arrivés avec nos propres vins. Le chef avait accepté de jouer le jeu et d'improviser en cuisine à chaque ouverture de bouteille... Trois entrées, deux plats, un dessert... Cela s'est terminé sur la terrasse, avec des rhums vieux et de bons cigares... Un pur moment de poésie !

pierre a dit…

comme quoi le titre de ton blog devrait être plutot retrouvée dans les parfums ! ou plutot "éperdue"?!
Pierre

Anne-Julie a dit…

Sophie, je t'accompagne volontiers!!! Chesterfield... Antoine Herrah offre des beaux moments, j'adore cette idée d'improvisation, je me laisserais bien tenter! Pierre, à bientôt, je crois...