lundi 13 juillet 2009

la terrasse du 104



Paris est parfois une ville étonnante… loin des sentiers battus et autres carrefours haussmanniens, il est des lieux inattendus. Le 104 en fait parti ! Caché au milieu des tours bétonnées du XIXème arrondissement non encore bobohisé, les pompes funèbres de la ville de Paris ont été réhabilitées et réaffectées à un usage artistique. Happé par la curiosité et la sensation d’être à un endroit dans lequel le public n’est pas autorisé, je me retrouve au milieu de l’immense hall, coupé du monde, comme dans une immense parenthèse, entre deux rues. Le silence sourd est interpellant, rythmé ça et là par des bruits métalliques. Mon pas hésite dans sa progression au fur et à mesure que naît l’interrogation de savoir si le « 104 » est bien ouvert au public aujourd’hui. Je dépasse, avec étonnement, une voiture bleue garée de travers.
Entre deux expositions, le lieu semble désaffecté, et pourtant, le badaud qui décide de franchir les portes vitrées, se trouve progressivement projeté dans une sorte de tableau photographique à l’allure lynchéenne. Au milieu du hall, un camion à pizza est posé. Seuls manquent une petite musique et des néons lumineux. Quelques tables à pique-nique accueillent de façon parsemée des amateurs de pâtes à pain. Sont-ils humains ou automates mécanisés ? Parsemés çà et là, des chaises longues et des canapés recouverts de draps anthracite prennent place de façon anonyme. Des téléviseurs diffusent des images. Qu’est-ce qui est réel ? Qu’est-ce qui ne l’est pas ?


Et soudain, alors que l’extrémité de ce gigantesque espace laisse entrevoir la rue d’Aubervilliers, apparaît à gauche, discrète dans son renfoncement, une petite terrasse animée… des voix s’élèvent dans un léger brouhaha, les visages sont animés et des serveurs souriants, carnet à la main, dansent de tables en tables. Attablée sur du formica épousant la géométrie de tiges d’acier d’une époque révolue, je m’apprête à commander une formule trois entrées pour douze euros sur le menu hebdomadaire. Sous le parasol, je me délecte d’un carpaccio de veau relevé d’huile d’olive, de parmesan et de noisettes. Je plonge ensuite ma fourchette dans une coupelle accueillant une douce faisselle parsemée de croquantes et acidulées tomates cerise et olives noires. Puis je termine mon repas par la troisième entrée : une salade de pastèque légèrement sucrée contrastant avec le sel de la feta et la chlorophylle fraîche apportées par de la menthe ciselée…

Entre deux rues d’un quartier « hlm-isé », tout n’est que luxe, calme et … volupté.



Le 104
104 rue d'Aubervilliers / 5 rue Curial75019 Paris
ouvert tous les jours, sauf le lundi, de 11 heures à 21 heures, et les vendredis et samedis, jusqu’à 23 heures.
Fermeture estivale du lundi 10 au lundi 24 août inclus.
http://www.104.fr/#fr/

http://www.104.fr/#fr/Artistes/A132-Tadashi_Kawamata

http://www.104.fr/#fr/Commerces/37-Cafe








2 commentaires:

Le Cookie Masqué a dit…

nice ! j'avoue que j'ai eu la flemme d'aller voir ;-)

Anne-Julie a dit…

c'est en effet un peu le bout du monde... Une espèce d'parès le périphérique mais dans les murs... Mais pour les aventuriers courageux, c'est un espace "entre", une sorte de champs élysées dans son acception première?