mardi 4 novembre 2008

Le Plaza

En ce début d’été, submergée par un inattendu chagrin d’amour, une de mes amies décida de me changer les idées en m’emmenant chez un l’un des hommes les plus convoités : un peu rabouteur, complètement pâtissier puisque reconnu comme le meilleur au monde, Christophe Michalak. Rien ne vaut pour panser un cœur meurtri que d’aller chercher des compresses chocolatées Le rendez-vous était fixé un jeudi à l’heure du thé.
En retard comme d’habitude, je me dépêchais d’enfiler une petite robe, de chausser des talons et d’enrober mes cils de l’indispensable mascara waterproof.
Nous devions nous retrouver avenue Montaigne afin de nous rendre dans le grand hôtel parisien : le Plaza Athénée. C’est dans ce temple qu’opère le chirurgien pâtissier, psychanalyste des vagues à l’âme offrant une thérapie de choc-olat !Lunettes noires sur le nez, nous flânions sur l’épaisse moquette au rythme de suaves accords de harpe, recherchant un canapé de velours dans un coin un peu retiré , quand une jeune femme s’imposa à nous et nous indiqua fermement avec un sourire pincé, deux fauteuils confinés dans un espace restreint, donnant sur l’allée passagère de la galerie.
Peu satisfaites de l’emplacement alloué, mon amie demanda à changer afin de nous installer confortablement sur l’un des moelleux canapés repérés auparavant qui semblait être fait pour recueillir nos confidences. La jeune femme, tout sourire figé, et ayant un sens inachevé de la psychologie nous refusa sèchement cette demande argumentant d’un aplomb exagéré que les canapés étaient réservés aux clients de l’hôtel !
Il fallait vraiment que je sois mal en point et que la pâtisserie de Michalak fût une infime mais indispensable consolation pour que nous persistions à rester dans cet établissement où si le luxe est de mise, la bienséance et le sens du service ne semble être qu’hypocrisie futile !Ayant négocié une table et deux fauteuils se faisant face dans un coin plus intime, nous pûmes passer notre commande : un café, pour que le noir soit broyé à notre place, un thé vert pour espérer et évidemment le précieux remède pour la mélancolie : le chariot à pâtisserie.
Si les boissons ne se firent point attendre, il n’en fut pas de même pour les gâteaux. Par deux fois, il nous fallu réitérer notre ordonnance. L’attente était longue et afin de calmer nos impatiences pâtissières, nous décidâmes d’entamer notre goûter par les deux pilules roses qui accompagnaient le café. Ouvrant nerveusement les emballages des chocolats, nous constatâmes avec effroi que ce qui se trouvait à l’intérieur n’était pas mangeable, blanchi, comme un vulgaire cachet, par l’humidité. Une autre serveuse, semblant émue par notre désarroi et la tristesse de nos traits, vint s’occuper de nous et fit enfin rouler l’appétissante Rolls-Royce dans notre direction afin que nous puissions procéder au choix tant attendu, mille fois réfléchi, et pas encore tranché !
Courageuses mais nullement téméraires, nous optâmes pour des valeurs sûres et réconfortantes : la religieuse au caramel de beurre salé et l’éclair au chocolat. Si ces derniers nous furent servis sans même la traditionnelle serviette qui accompagne tous couverts, nous nous jetâmes tout de même avec impatience et fébrilité sur nos douceurs. Le sel de mes larmes versées avaient dû altérer la finesse de mes papilles car celles-ci pourtant alertes aux subtilités gustatives eurent toutes les difficultés du monde à découvrir le léger goût de chocolat dans la crème de l’éclair. Le caramel au beurre salé était certes plus présent dans la religieuse mais la pâte à choux, aussi légère et originale fut elle n’emporta pas un souvenir impérissable de ce qui n’avait que le nom de gourmandise. Si l’amour rend parfois aveugle, le palais ne l’est pas...Les dieux semblaient nous avoir abandonnées. Le service de l’hôtel, tel un oracle avait, tout comme mon homme, pris la tangente cet été. Et comme la fin de mon histoire d’amour, je décidais de nier l’évidence et de revenir une autre fois pour parfaire mon jugement ! Parfois les prises de conscience sont à mille lieux de nos désirs ! L’avenir m’éclairera.
Hôtel Plaza Athénée
25 avenue Montaigne
75008 Paris
01 53 67 66 65

Aucun commentaire: